Rencontre avec Xavier Cailleau (Château de Bois Brinçon) 

Ou la douceur angevine…

Quand on parle de douceur angevine, on pense évidemment de prime abord au climat !

Ici au Château de Bois Brinçon, où se mêlent les moutons et les vaches broutant l’herbe fraîche et hivernale des vignes en biodynamie, il existe aussi la douceur d’un homme, Xavier Cailleau. Grand passionné par la diversité des terroirs (schistes, grès, calcaires) qui règnent sur ce domaine de 24 hectares, cultivé intégralement en biodynamie depuis 2009.

On sent dans les yeux de Xavier une grande nostalgie lorsqu’il évoque toute l’histoire du domaine maintenant âgé de plus de 800 ans. C’est d’ailleurs en 1991, à l’âge de 23 ans, qu’il décida de reprendre les vignes familiales et réaliser des cuvées parcellaires pour être plus proche de la vérité du terroir. Un échec cuisant révélé par des années de chimie.

Il lui faudra donc beaucoup de patience pour passer le vignoble d’une culture intensive à une agriculture éco – « logique » basée sur « l’équilibre et l’harmonie », comme il le dit si bien. Une quinzaine d’années seront nécessaires pour « désapprendre et réapprendre » dans le but d’atteindre l’authenticité des vins recherchée.

Une rencontre fondamentale l’a beaucoup touché et fait avancer dans le sens des vins naturels, celle de Pierre Overnoy. Un homme « gentil, simple, d’une grande humilité » mais avec une rigueur dans la façon de travailler les vins qui est plus qu’admirable.

Notre ami angevin n’a jamais compris pourquoi il fallait utiliser toutes sortes de produits œnologiques à la cave, pour lui « le vin c’est du raisin », il nous confie même être allergique au soufre : « ça me provoque de violentes crises d’asthme ! », on se doute donc que les vins sont à minima sulfités et surtout sans aucun intrant !

Les vins naturels ne sont pas des vins de fainéants, il faut être beaucoup plus rigoureux, beaucoup plus « précis », cela implique un gros travail à la vigne pour espérer une « maturité et une hygiène des raisins impeccable ». A la cave c’est la même chose, « une extrême rigueur sur les pieds de cuve et nous surveillons d’autant plus qu’avant chaque cuvée et son évolution ». C’est avec cette « méthode nature », qu’il réussit enfin à avoir cette « pureté » tant désirée.

La cuvée labellisée « Vin Méthode Nature » : Garance 2019

Une cuvée issue d’un seul et unique cépage, considéré comme oublié (pendant un temps), et remis sur un piédestal depuis plusieurs années, le Pineau d’Aunis. Un sourire se dresse lorsque Xavier nous parle de ce cépage utilisé longtemps « pour ne faire que des rosés ! ». Il affirme avoir voulu arracher cette parcelle mais avant, d’en faire une vinification en rouge, pour essayer, comme ça … Et là, « révélation » ! Cette parcelle est toujours à l’heure actuelle productive et vieille de 90 ans, sur des sous-sols de grès sur calcaire avec 90 cm au-dessus de sables caillouteux limoneux argileux.

En vinif’, peu d’intervention évidemment, macération courte de quelques jours, vendange égrappée, légèrement pigée avec quelques remontages. Un élevage en vieux fût pendant 3 mois puis un passage en cuves ovoïdes bétons. La mise en bouteille se fera avant l’été.

A la dégustation, on retrouve bien cette typicité du Pineau d’Aunis que je connais tant : des notes poivrées, épicées, un nez floral, sur la violette. En bouche nous retrouvons les épices, des tannins souples, bien fondus, et une « gouleyance » abondante ! Bref on se croirait déjà en été, proche d’un barbecue, avec des copains, pour déguster cet excellent canon.

Benjamin BESNIER.