De Marseille à la Cathédrale Notre-Dame de Paris : témoignage de Régis et Aude-Reine, Domaine de la Bénisson-Dieu
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A parcourir la presse vin ces jours-ci, on pouvait aisément tomber sur cette nouvelle : ce dimanche 8 décembre, pour la messe de réouverture de la cathédrale de Paris, c’est un vin nature, venu du département de la Loire, qui a fait office de vin de messe.
Mais qui sont donc ces vignerons, apparemment « néo », qui semblent habitués de ce type d’événements ? En septembre 2023, on pouvait lire dans Paris Match : « Visite du pape François à Marseille : le vin utilisé lors de la messe géante dévoilé » Et c’était déjà le vin de Régis et Aude-Reine Anouil. Qui sont ces producteurs habitués du vin de messe ?
« Catholiques, nous le sommes, répond le couple. Mais nous ne faisons pas pour autant un vin de catholiques pour des catholiques ! Nous faisons le vin que nous aimons, et nous aimons nos vins… »
La cinquantaine bien frappée, Régis et Aude-Reine Anouil font partie de ce qu’il convient d’appeler les « néo-vignerons ». Après une première vie en région parisienne, ils se sont installés à l’été 2019 à Ambierle, sur les Monts de la Madeleine, en appellation Côte roannaise, dans le département de la Loire (42). Du hasard, du destin ou de la Providence (chacun choisira le terme qui lui conviendra), ce n’est pas une coïncidence s’ils ont rebaptisé « Domaine de La Bénisson-Dieu » le petit domaine (2,6 ha) qu’ils ont racheté. Le village de La Bénisson-Dieu abrite en effet un jeune collectif dont les Anouil sont membres, l’Eco-hameau de La Bénisson-Dieu, un collectif d’une dizaine de foyers visant à vivre plus sobrement, simplement « l’écologie intégrale », une écologie qui, expliquent encore les Anouil, ambitionne d’englober tous les aspects de la vie.
La vie justement, c’est ce qui intéresse le couple dans leur travail à la vigne et au chai. Tout part de la vigne, comme chacun sait, et, pour les Anouil, cela passe par une certification bio, « cela va sans dire, même si c’est bien insuffisant. Ce que nous nous efforçons de faire, c’est de renforcer la vie dans les sols. D’où le choix du non-labour, de la phytothérapie, de l’agroforesterie, et, pour les deux nouvelles parcelles que nous avons plantées, les cépages résistants, de vieux hybrides, qui n’appellent ni cuivre ni soufre », explique Aude-Reine, qui mène l’essentiel de la partie viticulture du Domaine.
Au chai, poursuit Régis, « la continuation logique de nos choix agronomiques est de vinifier sans intrants ». Vendanges manuelles, fermentations spontanées, élevages – relativement – longs (douze mois ou plus) ; ni collage, ni filtration, ni SO2. « Rien que du raisin, du pur jus, pour laisser s’exprimer la nature », dixit Régis.
Tout ceci ne dit pas comment leurs vins (le blanc en l’occurence) s’est trouvé être le vin de messe au stade Vélodrome à Marseille et sur le nouvel autel de la cathédrale de Paris. « C’est très simple, répond Régis. Le droit canonique, qui est le droit de l’Eglise catholique, définit le vin liturgique ainsi : « Le vin doit être du vin naturel de raisins et non corrompu. » (Canon 924 §3) Cela rejoint assez exactement ce que le syndicat de défense du Vin Nature’l définit être le vin ‘nature’. J’ai donc écrit à l’archevêque de Marseille, puis à l’archevêque de Paris, pour leur expliquer tout ceci, notre démarche et leur offrir nos vins pour la messe. Et ils ont répondu oui ! Pour les catholiques que nous sommes, voir notre vin ‘fruit de la vigne et du travail des hommes’ être porté sur l’autel pour devenir sang du Christ par la grâce de la liturgie eucharistique, nous comble de joie ! »
Témoignage du 10/12/24
Domaine de La Bénisson-Dieu
370 route des Belins, 42820 Ambierle